L’analyse de l’hystérie faites par Sigmund Freud
Histoire
de l'hystérie
Au moyen-âge, à l'époque de
l'inquisition, les hystériques sont vécus comme possédés et finissent souvent
brûlés.
En 1793, Philippe Pinel fait libérer
les aliénés et les fait reconnaître comme individus malades.
Vers la fin du 19ème siècle
apparaissent Jean Martin Charcot, son élève Joseph Babinski et Sigmund Freud. À
"la Salpetrière", des séances d'hypnose ont prouvé l'absence des lésions organiques dans la
maladie hystérique.
Joseph Babinski pensait que l'hystérique
était un simulateur. Sigmund Freud croyait à la conviction du malade et
travaillait donc plutôt sur l'aspect psychologique.
C'est un conflit dont l'origine est
dans l'Oedipe.
7 mots qui caractériserait l’Œdipe.
1.La pulsion
2.Mental
3. l’Emotion
4. Le corps
Dans l’hystérie, le corps se met à
parler. L’hystérie est souvent perçue comme étant une névrose et très souvent vue
comme un déséquilibre mental lié à la sexualité féminine.
Mais la question fondamentale de
l'hystérique est : "qui suis-je, un homme ou une femme ?"
Le symptôme naît quand il y a
surgissement de l'angoisse.
L'hystérique ("être humain
s'étant construit un mode prioritaire de relations à l'Autre de type hystérique")
évolue avec son temps.
Hystérie féminine
Le tableau clinique est très varié.
La personnalité du sujet sera néanmoins marquée par :
un type d'identification
L'hystérique actualise et met en
scène sa bisexualité.
L'angoisse peut s'exprimer au niveau
du psychisme, telle l'angoisse de castration.
L'angoisse peut aussi s'exprimer au
niveau du corps. Cela se verra dans l'hypocondrie, dans les troubles de conversion (apparaît chez
l'hystérique), ou encore en psychosomatique.
La pathologie hystérique est très
riche. Au niveau clinique, le motif de consultation de l'hystérique femme prend
deux aspects:
1 La
défensive
C'est le premier mode adopté par
l'hystérique, se faisant représenter par son symptôme. Elle laisse parler son
corps. On évoque alors la "belle indifférence" de l'hystérique,
symptôme qu'elle ne reconnaît pas, qui ne vient pas d'elle. La patiente laisse
à son corps le soin de négocier une question inassumable. Le symptôme tient
lieu de demande. C'est une question et un piège offerts au médecin, à travers
par exemple des céphalées, des paralysies, des troubles fonctionnels... etc.
2 L'offensive
C'est
le second mode adopté, quand l'hystérique vient prendre à témoin un médecin de
son malheur. Elle proclame de manière revendicatrice sa pathologie, à travers
par exemple le droit des femmes au plaisir sexuel, ou l'incapacité des
hommes... Elle peut aussi amener son mari chez le psychiatre pour une mise en
accusation. On observe alors deux cas au niveau clinique chez ce mari "victime":
ou bien il répond à la demande (il joue un rôle maternel, il est insomniaque...
plus il en fait, plus il est frustrant), ou bien il refuse et affirme son
indépendance (il est alors assimilé à un mauvais père).
L'hystérique
femme est entière dans son offensive, de par ses convictions et son langage.
Mais elle souffre d'une double insatisfaction:
- de
par sa position phallique, elle se réfère à un Idéal du Moi masculin, et en constate la carence chez les
hommes et chez son père.
- du côté du Moi idéal
homosexué : la mère de l'hystérique est perçue régressivante. Cette mère
Oedipienne dévalorise le modèle de féminité qu'elle aurait dû incarner pour la
petite fille. Elle n'a jamais pu devenir une "vraie femme", sur le
plan socioculturel et psychologique.
Conduite
sexuelle de l'hystérique
-
Évitement complet : rare.
- Hyperactivité
sexuelle : souvent très insatisfaisante. La patiente peut avoir plusieurs
objets d'amour en même temps, sans satisfaction. Elle collectionne les hommes
impuissants, ou les violents. On note rarement d'homosexualité. La femme
hystérique entre en rivalité avec les autres femmes, et son comportement est
alors ambigu. C'est à travers les autres femmes que l'homme prend de l'intérêt
pour elle. Elle n'a pas d'image masculine si ce n'est qu'à travers les rapports
que l'homme peut avoir avec une autre femme.
1.
La femme hystérique privilégie
la vie fantasmatique et onirique, très élaborée et secrète. Les scénarios sont
hétéro et homosexuels, souvent exacerbés;
2.
Le comportement avec les
enfants est une séduction érotisée qui contraste avec des soins minutieux. La
séduction se parle et s'agit, comme par exemple lorsqu'elle dresse une liste de
"mecs" pour sa fille. Elle reconnaît une sexualité aux enfants mais
contrôle tout de leur vie, que ce soit à travers l'hygiène, la scolarité, la
santé ou les fréquentations. Elle crée un prototype parfait de l'enfant. C'est
une "mise en scène";
3. Les conduites alimentaires sont très développées, avec alternance
de boulimie et d'anorexie. C'est une alimentation anarchique. Cela peut aller
jusqu'à l'hystérie orale (zone érogène privilégiée).
On
note une grande érotisation des relations, avec un comportement séducteur, aguicheur,
et des avances qu'elle repousse avec dédain.
Son
comportement peut aller jusqu'à entraîner le viol.
·
Désir de plaire, avec
identification aux personnes qu'elle croit intéresser. Ce désir est fonction de
ce qui est considéré comme une norme. La femme hystérique possède un schéma corporel étendu et pris à l'Autre;
·
Théâtralisation et
dramatisation. L'hystérique femme est en permanence sur scène. Elle est au
mieux lorsqu'elle sent un public adapté et c'est à ce moment qu'apparaissent
ses crises, ses malaises. Elle dramatise les évènements insignifiants;
·
Projections fantasmatiques.
Elle attribue à l'Autre ce qu'elle désire fantasmatiquement. Projection,
théâtralisme et dramatisation aboutissent à la...
·
... Mythomanie. Ayant aperçu par exemple un acteur connu, elle
racontera avoir passé son enfance avec lui.
Les
troubles de la mémoire : difficulté à évoquer le passé, avec des lacunes
fréquentes. Des souvenirs surviennent à une autre place, ou sont mis en doute.
Il y a une trace signifiante, un refoulement puis une récupération secondaire.
Difficulté à prendre le statut d'adulte qui arrive, à prendre la place de la mère. La séparation
d'avec le milieu familial est difficile. Difficultés à apprendre: on note à ce
niveau des troubles dans l'évocation des faits récents, avec trous de mémoire,
difficultés scolaires et universitaires... Hallucinose: c'est quelque chose ou
un visage qui apparaît à l'endormissement, et qui fait souffrir (par exemple de
grosses têtes grimaçantes). Les sommeils ne sont pas reposants, avec cauchemars stéréotypés,
personnage menaçant qui la poursuit, chute dans un trou.
· La dépression : elle se présente sous la forme
d'un dégoût de la vie et de l'activité. Asthénie. L'hystérique femme mentalise
mal sa dépression. Elle vieillit mal. Il y a une impossibilité de plaire au
niveau psychique, un sentiment d'abandon, de non-valeur, conduisant à la
tentative de suicide.
Hystérie masculine
Diagnostic plus rare mais la
structure est fréquente.
Clinique
On note 4 motifs de consultation.
2 Troubles
de la sexualité.
- Impuissance : phénomène le plus souvent observé chez
l'hystérique homme, avec grande difficulté de passage à l'acte. La confrontation avec la femme, vécue en
termes de castration, interdit le passage à l'acte. Il y a renoncement devant
l'idéal de vérité qu'il se sent devoir égaler. L'identité sexuelle n'est pas
acquise. Le patient vit un problème de "normalité" par rapport au
sexe.
- Masturbation : dissimulée et à thèmes lesbiens.
Sensation de culpabilité très riche sur le plan fantasmatique. Trouble de la
personnalité, masturbation devant la glace.
- Doute sur l'identité sexuée : "ne serais-je pas
homosexuel ?"
3 Syndrome
d'échec...
... et ses compensations, une fois le patient
confronté à l'indépendance.
- L'hystérique homme va prendre le médecin à témoin de
son malheur. La réussite professionnelle est bien supportée mais quand elle est
acquise, le patient risque de faire une décompensation anxieuse ou dépressive. Il pourra aussi y avoir une intolérance à la
réussite. On observera parfois l'emploi de toxiques mineurs (amphétamines,
barbituriques, alcool) pour l'aider à assumer le rôle d'homme, pour donner le
change.
4 Crises
de nerf, malaises.
- L'homme montre à un entourage choisi qu'il n'est pas
comme un homme.
Personnalité
hystérique masculine
conduites
sexuelles
On
observe l'éviction parfois totale des rapports sexuels, avec prétextes moraux.
La femme est interdite, car "trop bien" ou "pas assez". Il
y a une rationalisation qui permet de ne pas se confronter au sexe opposé. Il y
a aussi l'impuissance partielle ou totale, le donjuanisme réel (rare) et les
récits donjuanesques (fréquents, que ce soit par rapport au passé ou dans
l'avenir).
La castration
C'est
autour d'elle que s'articule la problématique hystérique. La castration est un
des fantasmes originaires, une structure fantasmatique inconsciente.
- Au
départ : garçon et fille sont l'Objet de l'amour narcissique de la mère,
occupant la place du phallus.
- Abord de
l'Oedipe : le garçon découvre son insuffisance à son ambition. La fille
découvre son manque réel à la prétention phallique. Ce manque se re-traduit en
terme de stratégie du désir.
- Entre
garçon et fille : le garçon doit assumer le deuil symbolique du père "phallophore",
du père "désirant" dont le désir est l'objet du désir de la
mère. La fille doit accepter le fait que le manque en la mère est l'objet du
désir du père, et que la mère, désirant le désir du père, trouve en lui ce
qu'elle n'a pas totalement.
- Le
garçon : il n'est pas sans savoir, et doit assumer le deuil symbolique du
phallus pour accepter son pénis tel qu'il est.
- La fille : elle ne manque
en fait de rien, et assumera la perte du phallus dans la mère en découvrant
qu'elle a en elle ce quelque-chose qui, n'étant rien, sera le lieu du désir de
l'autre.
L'hystérique
ne peut suivre cette dialectique, et reste prisonnier de la quête phallique et
de la bisexualité originaire.
L'homosexualité
Il y a un
grand investissement libidinal homosexuel chez l'hystérique, avec des fantasmes
lesbiens accompagnant la masturbation de l'hystérique homme. C'est ici une mise
en scène de l'homosexualité sans phallus. Questionnement sur la nature du sexe
de la femme. La femme, c'est l'Autre, celle à égaler à condition de savoir ce
que l'homme peut bien y désirer.
L'hystérique,
dans son narcissisme phallique reste tributaire des mécanismes d'identification
imaginaire pour aborder la question de la différence des sexes: identification
à l'homme, participant à son désir pour chercher la femme en son mystère.
L'hystérique
est malade de sa bisexualité et reste perplexe entre ses identifications
masculine et féminine.
Le
narcissisme
Bien que les hystériques subissent des dépressions névrotiques et que le
vécu dépressif soit toujours près à apparaître, la problématique est d'abord
celle de la castration, et ensuite celle de la souffrance narcissique (le
narcissisme est l'investissement libidinal de l'image du corps). L'hystérique
est très dépendant de ses Objets, et se déprime
devant toute déception relationnelle. Ses Objets sont des compléments
phalliques (petit ami ou petite amie "dans le vent").
Remarquons l'incapacité pour l'hystérique de mentaliser son agressivité sadique
orale, en liaison avec les aspects prégénitaux de sa fixation libidinale.
Traitement
- La psychanalyse ne peut
pas être proposée systématiquement. Cependant le patient hystérique est capable
de transfert sur le
thérapeute pour rejouer toute sa problématique infantile.
- Il faut
entendre le symptôme comme une demande.
- Ne pas
se laisser prendre au piège de la demande, symptôme du désir de l'hystérique
d'avoir un désir insatisfait.
-
L'hystérique doit pouvoir en retirer un bénéfice secondaire, sinon il partira.
- Les
médicaments sont inopérants, sauf l'effet placebo pour les états de crise. Dans
les phases aiguës, lors de décompensation anxieuse ou dépressive, les
antidépresseurs vont corriger les troubles biologiques.
- Il faut
remodeler le réinvestissement narcissique, faire des psychothérapies à rythme
lent, sans interprétation et non-directives, pour passer le cap. Ne pas tomber
dans la problématique de son corps, lors par exemple d'examens cliniques.
- Risque
de rejet de la part du personnel soignant car il revit des choses
homosexuelles.
-
Attention : l'hystérique parvient parfois, à force d'obstination, à se faire
opérer, ligaturer les trompes par exemple. C'est inconsciemment l'assurance de
n'avoir jamais d'enfant du père. La patiente hystérique se punit de quelque
chose qu'elle n'a pas fait. Seul le désir est coupable.